lundi 21 juillet 2008

Journal du Dr Leeloo

Extrait du journal personnel du Dr Leeloo , chef du service chirurgie des partiellement Humains et assimilés.


Nuit du Dimanche 21 Juillet 2008 (temps terrestre et Dimension #1320 ).

Je prie Dieu, et même le diable pour que jamais pareille chose ne se sache .
J'ai appris aujourd'hui que ma curiosité pouvait me coûter cher. Je ne sais encore le prix que je devrais un jour lui payer, mais je tremble déjà rien que d'y penser.

Moi qui souhaitais tant en découvrir d'avantage sur l'étrange SasuKumo , mon souhait a été plus qu'exaucé .
Laissez moi vous conter l'aventure.

Ma journée à l'hôpital était déjà bien avancée , presque finie en fait.

J'avais demandé à SasuKumo de passer me voir en consultation , je souhaitais jeter un oeil (curieux , je l'avoue) sur les écailles de sa queue , qui avaient encore changées de couleur depuis sa dernière visite.
Nous discutions tranquillement , et j'essayais d'en savoir plus sur son "activité professionnelle " , pour reprendre ses propres termes, ainsi que l'endroit ou il tenais boutique , et il n'était vraiment pas enclin à me répondre clairement.

Tout a coup une infirmière fit irruption dans la salle en me braillant qu'une urgence venait d'arriver , et que mon avis était indispensable pour l'admission.

Ne jamais travailler avec des amateurs .Jamais.

J'arrivais sur place pour trouver une civière supportant avec peine un humanoïde ensanglanté et écumant. Son corps poilu était secoué de violentes convulsions.

Quelle conne, mais quelle sombre conne cette infirmière !

J'eu juste le temps de hurler à la ronde "loup garou" , et la bête me sauta dessus et m'éventra .
Je me vidait d'un coup de mes organe, je fut pris d'une horrible nausée et d'une sensation de vide... je m'écroulais, mourrant mais conscient .Du sang partout , le mien , ma vie qui part si vite , le cœur qui s'emballe, et le temps qui tourne au ralenti.

Le loup garou me laissa et sauta sur quelqu'un d'autre. Sur l'immense homme serpent qui m'avait suivi.
Je vis clairement le loup prendre son essor , et fondre toutes griffes dehors sur lui. Je me souviendrais toute ma vie de ce regard d'un vert si sombre et si calme. Je voyais tout parfaitement , image par image: le loup se rapprocher , sa gueule s'ouvrir, le saut...puis un mouvement imperceptible , une traînée de gris, un reflet d'écaille, et la bête fut prise dans les anneaux du naga.

Il semblait n'avoir fait aucun mouvement , ses immenses mains décharnées étaient toujours à terre, pas un de ses cheveux n'avaient bougés , et pourtant il tenait fermement le monstre enroulé dans son immense queue.

Un long frisson le parcouru alors , le Loup garou se mit à hurler comme jamais, et un bruit d'os brisée et de chair réduite en pulpe empli le hall. Du sang gicla partout autour et se répandit sur l'argent de ses écailles , sur sa peau d'un blanc glacé. Ainsi maculé de pourpre, il était magnifique.

Un mince sourire étira ses lèvres bleues , il déroula enfin ses anneaux , libérant la carcasse en bouillie, et s'avança vers moi.

Tandis qu'il avançait, le temps se figea. Les gens suspendirent leurs geste , le bruit s'estompa puis disparu. Mon sang s'arrêta et une tiédeur agréable chassa le froid de la mort dans mon corps.

Il se tenait devant moi , son buste légèrement incliné pour mieux me voir , ses mains de part et d'autre de mon corps traînaient dans mon sang .

-"Je suis navré de vous voir en si fâcheuse posture, docteur." Sa vois était basse et douce , comme étouffée.

Il passa un doigt distrait dans mes intestins épars .Pas un son ne parvenais a franchir mes lèvres.

-Je vous parlais tantôt d'une affaire qui occupe mon temps parfois...de services que je rends , en échange de choses et d'autres, et je crains que votre situation ne requière mes talents...particuliers. Qu'en dites vous ?

Je le regardais, les yeux écarquillées. Je mourrais, et lui me parlais de son commerce ?! J'étais furieux et apeuré , je tremblais violemment. Je le fixais et parvint enfin a bredouiller quelques mots.
-" sauvez moi!"

Il me fit un sourire entendu.
-"Nous sommes d'accord."

Et c'est là que ma vie bascula.

Les lumières s'éteignirent , j'eu une sensation de chute , et l'instant d'après nous étions , lui et moi dans une vaste salle sombre, avec de large voûtes de pierre.

-"bienvenu dans mon atelier, docteur."

Il pris ma main , l'apposa sur une sorte de parchemin et y laissa mon empreinte ensanglanté.
Quand ce fut fait il me transféra sur une large dalle de pierre surélevée , me força a m'allonger complètement , m'y lia les mains et commença doucement à farfouiller dans mes viscères du bout des doigts. Je n'avais pas mal, j'étais envahi par une torpeur agréable , et la peur me quittais aussi.

Il déposa à coté de moi la dépouille du loup garou . La tête et les membres inférieurs étaient totalement broyés , il n'en restait rien , par contre le buste était intact. Il l'ouvrir précautionneusement , en dégagea toute la peau de dessus et pris une profonde inspiration.

Ses doigts si longs , si fins ,commencèrent à s'agiter dans le vide , comme les pattes d'une araignée prise de folie. Des fils semblaient sortir de leur extrémités, des fils plus fin que de la soie, plus fin qu'une pensée.

Il plongea ses mains en moi et commença a tirer ,couper, trier les morceau abîmés . Il tirait les fils de ses doigts , me recousait, et prélevait dans la carcasse les pièces dont il avait besoin pour remplacer mes organes endommagés.
Je finis par m'évanouir .
Je me réveillais quand il finissait les points pour refermer mon abdomen.
je n'avais aucune cicatrice, aucune couture , aucune trace de mutilation. Je n'avais plus de sang sur moi. Les fils s'estompèrent de ses doigts, et tout fut finis.

La pièce sombre s'éclaira doucement, je revenais peu a peu dans le hall de l'hôpital. Lui s'estompait avec sa demeure.

-"Je reviendrais vous voir pour le paiement."

D'un coup j'avais peur. J'avais accepté un contrat sans en connaître la teneur. Il pouvait me demander ce qu'il voulait désormais.
-"Que voulez vous? que prendrez vous ?"
Il sourit.
-"N'ayez crainte , votre âme ne m'intéresse pas."

Je sentais le carrelage froid du hall se préciser sous mes mains. Les gens toujours figés réapparaissaient.
Je voulais lui poser mille questions , je voulais qu'il m'explique ce qui venait de se passer, je ne voulais pas qu'il disparaisse comme ça.

Il haussa un sourcil , semblant remarquer quelque chose d'inhabituel.


Il étendit un long bras , m'attrapa délicatement entre ses doigts et m'embrassa longuement.
J'étais totalement tétanisé de stupeur .Ses lèvres étaient fraîches et sa langue brûlante .
Un frisson me remonta du ventre jusque dans la gorge.
Il me lâcha enfin , et je le vis expirer une lueur de rouge et de noir mêlé , qu'il enferma dans une petite fiole.

Juste avant qu'il ne disparaisse tout à fait, je l'entendis me dire:
-"Il eu été dommage que j'oublie de vous enlever cette malédiction, n'est ce pas ?"

et tout redevint comme avant.

Les gens se remirent à bouger , les infirmières finirent leurs cris d'épouvante , tout repris à la seconde près.
Moi je me tenais assis a coté de la civière vide , les vêtements déchirés, intact. Le loup garou avait disparu sans laisser de traces.
La soirée fut très très longue .J'eu un mal fou a trouver un mensonge convainquant.

Je suis enfin rentré chez moi. Je me suis ausculté sous toutes les coutures, et je n'en ai aucune , de couture.
Nulle trace d'opération. Aucune cicatrice. Pas de douleurs ,pas de marques. Et pourtant je possède désormais plusieurs organes qui n'étais pas à moi la veille.

Quand je repense à tout ça , je me dis que j'ai dû halluciner. Le surmenage , ou une illusion provoquée par l'un de nos nombreux pensionnaires si particuliers.
Et pourtant je sens encore les longs doigts en moi, je me souviens du contact de ses lèvres...

Je n'ai qu'une crainte désormais: que le prix a payer soit bien au delà de mes capacités.